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Réchauffement : les 10 points marquants du rapport du GIEC

Après un premier volet qui concernait l'état des connaissances scientifiques sur le réchauffement, publié fin septembre 2013, et un deuxième sur l'impact et l'adaptation du changement climatique en cours sur les sociétés et écosystèmes, fin mars, la troisième partie a été révélée, dimanche 13 avril, et concerne cette fois les mesures d'atténuation de ce dérèglement climatique. Voici une synthèse en dix points pour s'y retrouver dans ces travaux colossaux, les plus complets sur le sujet.

  • Jusqu'à 4,8 °C d'augmentation de la température d'ici à 2100

Les modèles climatiques prévoient, selon quatre scénarios plus ou moins pessimistes, une élévation de la température comprise entre 0,3 °C et 4,8 °C pour la période 2081-2100, par rapport à la moyenne de 1986-2005. La forte incertitude dépend en premier lieu des quantités de gaz à effet de serre qui seront émises dans l'atmosphère ces prochaines décennies.

Pour l'instant, la Terre s'est réchauffée de 0,85 °C depuis l'époque pré-industrielle, et les trois dernières décennies sont « probablement » les plus chaudes qu'a connu l'hémisphère Nord depuis au moins mille quatre cents ans. De 2000 à 2010, décennie qui a vu un retour en force du charbon, les émissions ont augmenté de 2,2 % par an contre 0,4 % en moyenne au cours des trois décennies précédentes. A ce rythme, le seuil des 2 °C supplémentaires, qui est l'objectif international réitéré lors des conférences successives des Nations unies sur le climat, sera franchi dès 2030. A l'exception du scénario le plus sobre en émissions carbonées, il est hautement improbable que la hausse des températures soit contenue dans cette limite de 2 °C.

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    Les îles Marshall pourraient disparaître

    Au beau milieu de l’océan Pacifique, les îles Marshall sont un ensemble d’atolls coralliens très vulnérables. Conséquence du réchauffement climatique, le niveau des eaux monte, le littoral s‘érode. Et ce petit paradis pourrait tout simplement disparaître. “Si la planète continue comme ça, avec nos modes de vie qui polluent au quotidien, on va avoir un problème”, explique Tony De Brum, membre du gouvernement. “Pas un problème qu’il faudra gérer dans 100 ans. On parle de quelque chose qui se passe maintenant !” Sur l‘île de Majuro, la route du bord de mer a été envahie par les flots. Les murs et les digues de protection n’ont pas résisté bien longtemps à la montée inexorable des eaux du Pacifique. Les îles Marshall sont maintenant à la merci d’une forte tempête ou d’un raz-de-marée. “Nous sommes comme les canaris qui meurent dans les mines de charbon et qui disent aux mineurs “Sors de là, tu vas mourir toi aussi”, poursuit Tony De Brum. “Si les dégâts sont si importants sur ces îles au point d’envisager une évacuation, alors il est déjà trop tard pour sauver la planète.” Les experts du GIEC, espèrent, eux, qu’il n’est pas trop tard. Mais le nouveau rapport du groupe intergouvernemental de l’ONU sur l‘évolution du climat se veut alarmiste. “Ce que nous savons au vu de nos nombreuses expériences, c’est que même une faible montée du niveau de la mer, associée à une vague géante ou une grosse tempête, peut causer des dégâts considérables et peut potentiellement rendre ces îles inhabitables”, note le scientifique Chris Field. Pour les experts, il existe des solutions, telles que l’installation de systèmes d’alerte, la construction d’abris contre les cyclones ou encore la création de zones protégées. Mais en attendant, les îles Marshall se préparent au pire.

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  • Un réchauffement d'origine humaine

Les experts du climat estiment désormais « extrêmement probable » – c'est-à-dire, dans le jargon du GIEC, avec une probabilité supérieure à 95 % – que l'élévation de la température terrestre relevée depuis le milieu du XXe siècle est bel et bien le fait de l'accumulation des gaz à effet de serre d'origine humaine. Cette probabilité était évaluée à 90 % dans le précédent rapport

  • Une hausse du niveau des mers jusqu'à un mètre

 

Image removed. L'immeuble Le Signal, à Soulac-sur-mer, n'est plus qu'à 20 mètres à peine d'une falaise de sable. | AFP/JEAN PIERRE MULLER

 

L'élévation du niveau de la mer, l'une des conséquences majeures du réchauffement, a été revue à la hausse : les scientifiques tablent désormais sur une augmentation moyenne de 26 cm à 98 cm d'ici à 2100 contre 18 cm à 59 cm dans le rapport 2007. Les climatologues prennent désormais mieux en compte la fonte dans les océans des calottes glacières du Groenland et de l'Antarctique. Entre 1901 et 2010, les océans se sont déjà élevés de 19 cm.

Conséquence : tout au long du siècle, les populations côtières – plusieurs centaines de millions de personnes selon le rapport, dont une grande part en Asie, en Europe ou en Amérique latine – seront soumises à des inondations de plus en plus fréquentes et à une érosion des littoraux en hausse, deux phénomènes aggravés par l'urbanisation massive des bords de mer.

Lire Derrière la tempête, la menace persistante de l'érosion du littoral

  • Des événements climatiques extrêmes plus nombreux

Les experts s'attendent également à ce que le réchauffement climatique provoque des événements météorologiques extrêmes plus intenses, tels que les sécheresses, pluies diluviennes et – cela est encore débattu – des cyclones tropicaux plus fréquents. « Les vagues de chaleur vont très probablement se produire plus fréquemment et durer plus longtemps, a déclaré le climatologue Thomas Stocker, coprésident du groupe de travail du GIEC. Avec le réchauffement, nous nous attendons à voir les régions humides recevoir plus de pluies et les régions les plus sèches à en recevoir moins, même s'il va y avoir des exceptions. »

Regarder la carte interactive sur les impacts du réchauffement climatique

Image removed. Carte des risques liés au réchauffement climatique. | Infographie Le Monde

 

  • Une insécurité alimentaire exacerbée

 

Image removed. Un ouvrier tamise des grains de blé dans la cour du Comité des ventes de produits agricoles, près d'Ahmedabad. | REUTERS/AMIT DAVE

 

L'agriculture est en première ligne des impacts du réchauffement – et souffre déjà du changement en cours. Selon le GIEC, les rendements des grandes cultures pourraient perdre en moyenne 2 % par décennie sans réel effort d'adaptation, alors que, pour répondre à la demande mondiale, il faudrait en augmenter la production de 14 % par décennie. La pêche sera aussi touchée, avec des espèces marines moins nombreuses autour des tropiques et de forts taux d'extinction au niveau local. Enfin, le GIEC évoque des pénuries d'eau en Afrique, en Asie et dans le sud de l'Australie. Conséquence : la sécurité alimentaire en sera affectée et la pauvreté augmentera, particulièrement dans les pays d'Afrique et d'Amérique du Sud.

Lire l'entretien « Dans certaines régions d'Europe, la production de blé pourrait baisser de 20 % d'ici à 2030 »

  • Des problèmes sanitaires en hausse

 

Image removed. En Inde, 48 % des enfants souffrent de retards de croissance dus à la malnutrition, selon un rapport de "Save the children". | REUTERS/ADNAN ABIDI

 

Corollaire de cette insécurité alimentaire, le GIEC s'attend à une augmentation des problèmes de santé dans de nombreuses régions, spécialement les pays en développement (accroissement des vagues de chaleur intense, mauvaise nutrition ou encore maladies liées à la contamination de l'eau et de la nourriture). Le texte évoque notamment pour l'Afrique une modification de la géographie des maladies due aux changements du régime des pluies et des températures.

  • Des risques accrus d'extinction des espèces

Ces risques concernent « une large partie » des espèces terrestres et marines, dont de nombreuses « ne seront pas capables de se déplacer suffisamment rapidement pour trouver des climats plus adaptés » au cours des changements climatiques. Des écosystèmes marins cruciaux, comme ceux des pôles et les barrières de corail, sont déjà particulièrement exposés avec l'acidification des océans. Une hausse de la mortalité des arbres pourrait survenir dans de nombreuses régions, alors que l'un des enjeux de la lutte contre le réchauffement passe par la reforestation.

  • Plus de conflits et de rivalités

Le GIEC table sur une augmentation des déplacements de population et des « risques de conflits violents » avec « une aggravation des facteurs classiques que sont la pauvreté et les chocs économiques ». Des rivalités risquent de survenir entre les populations ou les Etats autour de ressources plus rares, comme l'eau ou les stocks de poissons, ou de nouvelles opportunités générées par la fonte des glaces – comme c'est déjà le cas avec la disparition de l'Arctique et l'accès à ses nombreuses (et supposées) ressources en poissons, hydrocarbures et minerais.

Lire La Grande Barrière de corail a perdu la moitié de ses coraux depuis 1985

  • Un coût économique de l'inaction élevé

Comme en 2007, les experts mettent en garde contre le coût économique de l'inaction. Toutes les études le confirment : plus les gouvernements tardent, plus la charge sera lourde pour les générations futures. Une augmentation de la température mondiale de 2 °C pourrait ainsi entraîner une perte d'entre 0,2 % et 2 % des revenus annuels mondiaux. Pour autant, les travaux de modélisation réalisés depuis sept ans et compilés par le GIEC n'ont pas produit d'évaluations solides « des coûts et des bénéfices » de la lutte contre le changement climatique. Les seuls chiffres mis en avant par le troisième volet du rapport tablent sur une croissance économique en baisse de 0,06 % sur une croissance anticipée de 1,6 % à 3 % par an d'ici 2100. Les effets sur l'emploi sont eux aussi très mal cernés.

  • Un modèle énergétique à revoir

 

Image removed. Le troisième volet du rapport du GIEC souligne l'urgence qui s'impose aux Etats pour limiter le réchauffement climatique. | AP/Frank Augstein

 

Limiter d'ici la fin du siècle la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère à 450 partie par million (ppm) – valeur associée par les scientifiques à un réchauffement de 2 °C – suppose de réduire les émissions mondiales entre 40 % et 70 % d'ici 2050 et de les ramener à un niveau « proche de zéro » d'ici à 2100.

Pour y parvenir, des changements d'approche doivent intervenir dans tous les secteurs dont, en premier lieu, celui de l'énergie – qui représente 35 % des émissions, devant l'agriculture et la forêt (24 %), l'industrie (21 %), les transports (14 %) et le bâtiment (6 %). Pour cela, prônent les experts du GIEC, les investissements dans les énergies peu carbonées (renouvelables, nucléaire) vont devoir tripler voire quadrupler d'ici 2050, l'efficacité énergétique des bâtiments doit être améliorée, sans oublier le développement des techniques de captage et de stockage du CO2. L'instauration de normes d'émissions plus contraignantes, la mis en place de taxes fondées sur les émissions (taxe carbone) et de marchés du carbone, la réduction des subventions aux énergies fossiles sont d'autres leviers possibles.

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