D'un côté, certains affirment la légitimité de l'Etat de droit : dès lors que toutes les procédures en vigueur, y compris l'enquête publique ont été menées, le projet doit être réalisé sans délai.
De l'autre, des opposants expriment leur frustration, leur colère de ne pas être entendus par les porteurs de projet. Ces opposants considèrent que certaines décisions juridiquement fondées en droit, mais prises sans fondement démocratique suffisant ne sont pas légitimes et doivent être combattues au nom de préoccupations de plus long terme (préservation de l'eau et de la biodiversité, changement climatique...). Ces opposants ne doivent évidemment pas être confondus avec les casseurs, qui se présentent eux-mêmes comme les ennemis de la démocratie et qui manifestent parfois à leurs côtés.
Ces deux points de vue antagonistes sont renforcés par la longueur du processus de décision des grands projets : dix ans, vingt ans s'écoulent entre la conception du projet et sa réalisation... et il arrive donc fréquemment que les besoins aient fortement évolués pendant cette période, pouvant conduire in fine à des réalisations surdimensionnées ou inadaptées.
Il est aujourd'hui indispensable de revenir aux principes de la Convention d'Aarhus et de la charte de l'environnement de 2005 : "la meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens concernés".
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Il serait aussi souhaitable de mettre en ligne sur Internet tous les projets de réglementations nouvelles pour recueillir l'avis des citoyens, comme cela se pratique aux USA depuis 1946.
Leur mise en oeuvre ne demande pas de nouveaux moyens financiers, mais elle exige toutefois volonté et courage pour une nouvelle gouvernance publique, fondée non plus sur les rapports de force, mais sur une capacité d'écoute, sur une co-construction de l'intérêt général. Puissent l'ensemble des responsables politiques, sociaux, économiques, associatifs s'engager dans cette voie nouvelle, seule à même de redonner confiance à nos concitoyens.